Le discours d’introduction est une étape essentiel, il pose la relation de confiance, il amorce l’acceptation du phénomène hypnotique chez le/la patient.e. Un jour peut-être vous saurez hypnotiser quelqu’un sans ce discours, mais ce jour n’est pas à attendre ou à atteindre, car il est vraiment inutile d’hypnotiser quelqu’un sans l’avoir préparé à cela, sans l’avoir rassuré, sans lui avoir expliqué ce qui va se passer, sans lui avoir demandé des autorisations, sans avoir décrit ce qui se passera lors de la séance d’hypnose. C’est bien plus efficace et bien plus respectueux de faire tout cela grâce à un discours introductif construit.
N’oubliez pas que dès ce discours, vous commencez une certaine forme d’induction et vous faites les premières suggestions.
N’oubliez pas que vous devez montrer une assurance à « toute épreuve », que vous annoncez votre style, que vous devez convaincre.
Vous avez à construire vous même ce discours, pour qu’il vous corresponde, mais voici quelques éléments qui peuvent vous y aider, à mettre dans l’ordre qui vous plait le plus :
- Une rapide présentation du vous, assez floue, de votre parcours en hypnose, par exemple : « Je suis avant tout psychothérapeute, et je pratique les TCC, comme je vous en ai déjà parlé, mais pour aider au mieux mes patients, je me suis formé.e il y quelques temps maintenant à l’hypnose. Si vous êtes d’accord, on peut essayer ensemble (autorisation générale). Vous allez voir c’est cool. »
- Une explication de ce qu’est l’hypnose avec quelques mots clefs comme « état de conscience modifiée », « imagination », « outil thérapeutique », « dissociation », « tout le monde peut-être hypnotisé », « tout à fait naturel », « tous les jours », « juste des suggestions », « une question de confiance », etc.
- Une explication de ce que l’utilisation de l’hypnose va apporter dans le cas précis de votre patient.e
- Des petits quelques choses pour rassurer du type : « même sous hypnose, vous ne ferez pas ce que vous ne voulez pas faire », « Jamais je ne vous demanderai de faire le canard, nous faisons de la thérapie », « vous vous sentirez bien et relaxé.e », « vous garderez toujours le contrôle », « je prendrai toutes les précautions pour que ce soit un bon moment », etc.
- D’autres précisions du type : « Ne soyez pas étonné.e de toujours rester conscient.e, c’est comme cela que ça se passe sous hypnose », « Si vous vous sentez un peu bizarre, c’est normal, ne vous inquiétez pas », etc.
- Selon votre pratique vous demanderez les autorisations : « Je vais sans doute, si vous m’y autorisez vous toucher les bras, les épaules, la tête ».
- L’annonce d’une progression qui rassure tout autant, par exemple : « Je vais d’abord vérifier que vous êtes hypnotisable facilement à l’aide d’un petit test, puis si ça fonctionne, nous ferons quelques exercices un peu drôles pour que vous puissiez vous détendre, comprendre ce qu’est l’hypnose, ensuite je tenterai de vous faire vivre une transe, vous serez, c’est un moment qui sera très agréable… »
- Des préparations pour les inductions en fonction de vos routines : « Quand je vous dirai Dors… », « Quand je vous dirai Glisse.. », « Vous pourrez être de plus en plus relaxé.e en entendant le rythme de… », etc.
- Des préparations pour les transes, enfoncions des conditions : « Alors, vos épaules tomberons, votre nuque se relâchera, vos bras… », etc.
- Des préparations pour les exercices, les ancrages du type : « Peut-être que je vous demanderai d’imaginer un bouton dans votre main qui provoquera le rire chez vous », « Peut-être que je vous demanderai de faire avec moi un voyage dans un lieu où vous vous sentirez bien », etc.
- Le développement de la notion de confiance entre le thérapeute et son/sa patient.e, entre l’hypnotiseur.euse et l’hypnotisé.e.
- Des demandes répétées de consentement.
- Une précision de contrôle du genre : « Si jamais à un moment vous voulez arrêter, il suffira de me le dire, et nous mettrons fin à la séance en douceur… »
Voici maintenant quelques astuces et conseils que vous pouvez considérez dans votre discours d’introduction :
- Ne laisser pas trop de place aux questions du patient, cela vous évitera des digressions interminables, mais parlez à un rythme plus lent qu’à l’ordinaire et vérifiez assez souvent qu’il a bien compris ce que vous dîtes avec des « Ça va ? », « C’est bon ? », et autres petites interrogations de ce genre.
- Vous devez poser votre voix dès le discours d’introduction. Votre rythme respiratoire doit rester constant durant ce discours.
- Vous devez observer les signes de suggestibilité dès le discours d’introduction.
- Le discours d’introduction peu être fait en plusieurs parties, en fonctions des étapes : test, exercices, transe…
- N’hésitez pas à saupoudrer pendant le discours d’introduction.
- Utilisez des exemples comme : « c’est comme quand vous conduisez sans vous en rendre compte et que vous êtes étonné.e d’être déjà arrivé.e, que vous vous dîtes que vous n’avez pas vu le temps passer », « c’est quand un enfant joue à Spiderman et que dans sa tête il est vraiment Spiderman », « c’est comme quand un parent s’endort dans une fête, que rien ne peut le réveiller, sauf les pleurs de son enfant dans la chambre à côté », etc.
- Si c’est dans vos intentions/projections thérapeutiques vous pourrez annoncer les entrainements à l’auto-hypnose et les exercices qui y seront liés.
- Le discours d’introduction peut être le moment de poser certains encrages, comme nous les avons décrits durant la formation.
- N’oubliez pas de sourire.
- Pensez, dès le discours d’introduction à éviter toute formulation négative qui n’est pas nécessaire à un exercice.
- Si vous voyez partir le/la patient.e durant le discours et qu’il/elle a donné ses consentements, n’hésitez pas à induire la transe, après lui avoir demandé si cela lui convient ou au moins lui avoir annoncé que vous allez le faire.
- N’oubliez pas de demander à le/la patient.e de vous parler de ses expériences en hypnose.
- Même si vous devez montrer une assurance à toute épreuve, laissez quelques hésitations, elles sont rassurantes pour le/la patient.e.
- Surtout lorsque l’hypnose sera pratiquée avec des enfants, précisez qu’il n’est pas question de mentir, si un exercice ne fonctionne pas, il ne fonctionne pas.
- Vous pouvez demander, mais ce n’est pas obligatoire, quelles seraient les résistances possibles durant le discours d’introduction.
- Vous pouvez tester votre patient.e avec des petits trucs du genre : « Allez-y, ferez les yeux, laissez tomber vos bras, respirez profondément, détendez-vous… », si il/elle ne le fait pas spontanément, alors on peut penser qu’il y a des résistances à travailler, sinon ajouter quelque chose comme : « Et maintenant, rouvrez les yeux. Qu’est-ce que vous avez ressenti ? »
- Avec certains.es patients.es, il sera nécessaire de changer de rythme lors du discours, d’être déjà plus ou moins directif.ve, à vous de le sentir.
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